lundi 10 octobre 2016

[J'ai lu] Teaching critical thinking? New directions in science education _ Osborne

J'entame aujourd'hui une série de billets sur les articles de sciences de l'éduc que je lis sur mes trajets quotidien en train... Une manière de partager mes lectures et de me forcer à faire des fiches de lecture!

Jonathan Osborne
Donc cet article est écrit par Jonathan Osborne, un chercheur en sciences de l'éducation qui travaille à Stanford et qui est très connu et très actifs (77 publis sur RG) en didactique des sciences. Il a travaillé sur de nombreux sujets et en particulier sur l'argumentation

Cet article est un point de vue écrit dans la revue "School Science Review" qui est une revue de "the Association for Science Education". Il ne s'agit pas d'une revue où sont publiés des résultats de recherche mais davantage d'une revue pour informer les différents membres de l'association.

Dans cet article, J. Osborne aborde la question de l'enseignement de l'esprit critique dans les cours de sciences. Dans l'introduction, Osborne défend l'idée que la critique est centrale dans le fonctionnement des sciences en ce qu'elle permet la comparaison des prédictions des théories avec les résultats expérimentaux. C'est par la critique des pairs que les résultats scientifiques sont acceptés ou rejetés. 

À l'opposé, Osborne constate que les sciences telles qu'on les enseigne forment souvent une sorte de dogme constitué d'un ensemble de faits et de savoirs incontestés et incontestables. Les didactiques des sciences ont bien établi que les élèves qui arrivent en classe de sciences possèdent des connaissances quotidiennes pour interpréter le monde. Ces connaissances quotidiennes sont parfois décrites sous le nom de : conceptions naïves, idées initiales, ... Lorsque ces connaissances diffèrent ou sont incompatibles avec le savoir à enseigner en classe, de nombreux auteurs parlent de misconceptions. J. Osborne propose donc d'utiliser ces conceptions pour développer l'esprit critique des élèves en pesant les arguments pour et contre les connaissances scientifiques et les connaissances quotidiennes.

Osborne utilise deux arguments pour défendre cette proposition :

  1. Une pratique plus efficace. Plusieurs études semblent montrer qu'une telle pratique, en plus de permettre aux élèves d'avoir une meilleure compréhension du fonctionnement des sciences, pourrait aider les étudiants à comprendre les concepts scientifiques. En particulier, l'étude de Hynd and Alvermann (1986) montre que des textes de physique qui explique pourquoi les connaissances quotidiennes ne marchent pas avant d'expliquer les connaissances de physique donnent lieu à des apprentissages plus significatifs que des textes présentant uniquement les connaissances de physique. 
  2. L'évolution des attentes de la société. Aujourd'hui, les sociétés occidentales modernes attendent de l'école, et en particulier des enseignements de sciences, qu'ils forment l'esprit critique des futurs citoyens. Cette évolution se retrouve en particulier dans les objectifs de tests internationaux comme le test PISA mené par l'OCDE. Dans le test PISA, la culture scientifique (scientific literacy) est évaluée selon les critères suivants : Explain phenomena critically, evaluate and design scientific enquiry et interpret data and evidence scientifically.
 Références :
Osborne (2014), Teaching critical thinking? New directions in science education, School Science Review, v95 n352 p53-62
Hynd and Alvermann (1986), The role of refutation text in overcoming difficulty with science concepts. Journal of Reading, 29, 440–446.